Rééquilibrage du lit de la Loire - Les travaux en cours


En mars 2022, une réunion rassemblait les acteurs du territoire sur le programme de rééquilibrage du lit de la Loire. Inscrit au plan Loire Grandeur Nature IV (2014-2020), ce programme est le "projet phare" du Contrat pour la Loire et ses Annexes ; il résulte d'une volonté et réflexion collective conduite pendant plusieurs années. Nous nous en sommes déjà fait écho et avions salué la détermination de VNF à résoudre les nombreux obstacles pour faire aboutir ce programme.

 Rappel : ce programme global, de rééquilibrage du lit et restauration des annexes, vise à corriger les désordres hydromorphologiques, écologiques et paysagers constatés du système fluvial. Ces perturbations résultent essentiellement des travaux d'aménagements d'une "Loire navigable" des siècles passés.
Sous maîtrise d'ouvrage VNF, pour les 5 prochaines années, ont été programmées des actions simultanées et complémentaires qui permettront de préserver, prolonger et renforcer les effets constatés des différentes opérations expérimentales initiées dès 2002 sur la Loire armoricaine.

Trois chantiers entre les Ponts-de-Cé et Nantes, sont jugés prioritaires en raison de leur efficacité globale.
- Pour le Secteur A (Montjean-sur-Loire et Ingrandes-Le Fresne-sur-Loire) mise en mouvement des sables piégés entre les épis afin de réengraver le chenal (efficacité prouvée, dès 2010, des seuils expérimentaux, du remodelage d'épis et dévégétalisation de bras secondaires).
- Pour le Secteur B (entre Anetz et Oudon) freiner la tendance naturelle à la poursuite de l’incision, libérer un espace d'écoulement plus vaste et rééquilibré entre les bras.
- Pour le Secteur C (dit de Bellevue-Sainte-Luce) qui est une zone de transition fluvio-maritime, réhausser la ligne d'eau d'étiage à marée basse en créant des ouvrages qui réduiront la pente d'écoulement, favoriseront les dépôts de sédiments issus de l'amont, réorienteront le courant dans le chenal nord.

Démarrage des travaux.
P
ar voie terrestre et fluviale la première phase des travaux (secteur A) a débuté le1er septembre 2021; les travaux devant être réalisés à l'étiage (au plus bas, 180 m3/s) et hors période sensible pour la faune et la flore (migrations, reproductions, floraisons, mise à graines, périodes de pêche...). Le remodelage des épis (arasés, raccourcis, arrondis en tête- musoirs- ou supprimés) devait se dérouler en même temps à l'aval des 2 ponts encadrant ce secteur. Les enrochements démontés en rive droite sont évacués dans des barges de faible tirant d'eau en rive gauche puis acheminés par la route vers une carrière. Un stockage est prévu pour une réutilisation, après recalibrage, sur d'autres secteurs dont Bellevue (120 000m3 d’enroche ments, cumulés avec le secteur B).
Les conditions hydrologiques se sont dégradées dès la mi-septembre avec une brutale montée des eaux (de 30 à 50 cm). D'importantes lâchures du barrage de Villerest (en période de déstockage habituel) suivies de fortes pluies, au début octobre sur l'ensemble du bassin, ont entraîné des débits (de 350 à 600 m3/s) dépassant la cote de sécurité fixée à 400m3/s. Ces événements hydrauliques ont ralenti le déroulement du chantier et poussé les entreprises à suspendre, le 11octobre, les travaux engagés.
Pour VNF, malgré ces conditions difficiles, 30 à 40% des travaux ont été réalisés sur 7 épis à supprimer et 16 à réduire, remodeler et/ou abaisser. Ils se poursuivront à l’étiage 2022. Le bras secondaire de Saint-Georges-sur-Loire sera traité dans une deuxième phase d’intervention avec le secteur B. Une  réhausse des fonds (30 à 40 cm) et de la ligne d’eau (0 à 10 cm) est attendue. Le coût prévisionnel de l'opération est de 1 900 000 euros.

Pour l'ensemble des 3 secteurs, la démarche ERC.
Cette démarche, vertueuse et réglementaire, vise à prévenir autant que possible les risques et effets négatifs de certains projets sur l'ensemble des composantes environnementales. La séquence "Eviter, Réduire, Compenser"est à la fois préventive et corrective des risques prévisibles; mise en oeuvre à l'amont des projets impactant le milieu physique, biologique, paysager et humain, elle impose prioritairement d'éviter les atteintes, à défaut d'en réduire la portée et, en dernier recours, de les compenser si elles n'ont pu être ni évitées ni réduites.
Avant les travaux (secteur A), un coordonnateur environnemental a vérifié la présence/absence d'espèces sensibles, protégées, sur les berges, les grèves, les enrochements. Dans le chenal, des balises avec hydrophones ont été posées afin de suivre les comportements des lamproies et aloses. Préventivement, sur l'emprise des travaux (aires de circulation, de chargement/stockage, d'accostage) les secteurs à éviter ont été signalés afin de protéger les espèces patrimoniales ou la dissémination d’espèces végétales envahissantes (sur les grèves, des pistes de roulement ont été balisées et protégées par un géotextile).
Les espèces les plus vulnérables étant les mollusques bivalves touchés par les remodelages d'épis, les mouvements de sable dans le chenal ou par enfouissement-écrasement dûs aux engins, une mesure compensatoire sera-t-elle mise en oeuvre  ?
En phase travaux, le coordinateur chargé de vérifier le respect des règles établies pour le milieu biologique, contrôle également, pour le milieu humain, la mise en oeuvre des mesures susceptibles de diminuer les nuisances occasionnées sur le cadre de vie, les activités humaines/accidentelles, les usages de l'eau (pollutions temporaires, sonores, envol de poussières, sécurisation de chantier et prévention de pollutions accidentelles, qualité de l'eau et baignade d'Ingrandes, maintien de la navigation).

Pour les riverains et collectivités, concernées par les travaux, des réunions d’information préalables ont été tenues ; certaines remarques formulées ont été intégrées dans la gestion et conduite du chantier: sécuriser et diminuer les nuisances dues à la circulation routière des engins qui évacuent les enrochements; pour les pêcheurs professionnels, le repérage des emplacements des lots de pêche pouvant être affectés temporairement et impactés par une modification des habitats. Sur le long terme, des effets positifs sont attendus pour la faune piscicole et la pêche : un espace accru de liberté du fleuve (élargissement du chenal ), corridors écologiques renforcés entre bras secondaire et principal (Bras de cul de Boeuf), une période plus longue de la reconnexion des annexes latérales à l'étiage (Boire de Champtocé). Autant de modifications favorables à la diversification des habitats, à la richesse halieutique mais qui imposeront un changement des lieux et habitudes de pêche.

Un programme de suivis des effets

VNF porte un programme de restauration de la dynamique fluviale dont le but est d'améliorer les conditions et situations actuelles de l'environnement. Les gains mesurables, attendus sur le fonctionnement hydro-sédimentaire de la Loire, sont importants pour évaluer les autres effets dont ceux sur le milieu biologique (diversité des habitats et amélioration de leur fonctionnalités), la renaturation des paysages (épis moins visibles à l'étiage), la qualité des eaux (autoépuration favorisée par l'ouverture de la section d'écoulement), la recharge de la nappe alluviale...

Le GIP Loire Estuaire, le CEN des Pays-de-la-Loire, ont élaboré un programme global d'évaluation des effets du projet sur l’environnement sur plusieurs années après travaux. Un programme ambitieux, mais indispensable, qui sera piloté par un comité de suivis, dès 2022. Un programme composé d’une vingtaine d’indicateurs qui seront comparés à l'état initial avant travaux, à l'état tendanciel sur 50 ans des sites sans réalisation de travaux (modélisations hydrauliques et numériques), à l'état des sites 1 à 2 années après travaux et d'un état 50 ans après mise en oeuvre du projet modélisé. Parmi ceux-ci,des indicateurs de suivi de hauteurs et débits d'eau, des indicateurs relatifs aux habitats et communautés végétales à partir d'un suivi de l'évolution des surfaces et de l'état de conservation de la biodiversité.

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